sous la direction de Giuseppe Pizzuto
Texte de Elena Giulia Rossi
Agostino Iacurci (Foggia, 1986) est l’un des artistes italiens les plus prometteurs de la scène du Street Art. Dans ses œuvres aux formes synthétiques et aux tons vifs et à travers un langage essentiel, il est capable de transmettre plusieurs niveaux de lecture. L’ironie cynique et intelligente place les récits d’Agostino au seuil éternel entre l’innocence et la malice, la sérénité et la catastrophe, dans une tension entre les opposés qui est la clé interprétative de l’existence.
Depuis 2008, l’artiste peint des histoires sur les murs des bâtiments et dans les espaces urbains: il a réalisé des interventions pour Living Walls à Atlanta, Bien Urbain Festival à Besançon en France, pour Outdoor Urban Art Festival 2011 à Rome, à la Saba School avec des étudiants en Algérie, à l’intérieur de la cour de la zone de sécurité maximale de la prison de Rebibbia à Rome en collaboration avec les détenus, à la 55e Biennale de Venise pour le projet B2B, sur la façade en verre du Fubon Art Center à Taipei, sur Le M.U.R. à Oberkampf et sur le Tour 13 à Paris. Ses œuvres ont été présentées dans différentes expositions et festivals en Europe mais aussi au Japon, en Corée, en Russie et aux États-Unis.
L’exposition «Small wheel, big wheel» a investigué le thème du jeu comme moment de suspension de la vie ordinaire et fondement de nouvelles conventions. Si d’un côté le jeu est en fait le lieu de libération de l’imaginaire, de l’autre il repose sur l’adhésion d’une communauté à des règles strictes, quoique provisoires. Cette rigueur est contrastée par une énorme fragilité, donnée d’une part par sa fugacité inhérente, de l’autre par la possibilité qu’un événement inattendu brise son charme. Le jeu est à la fois un «espace magique» hors du temps (Huizinga, 2002) et une «île incertaine», caractérisée, dans la pensée de Caillois, «par l’aléatoire, l’ambiguïté du masque et l’effet déséquilibrant du vertige.» (Rovatti, 2013, 9).
Les œuvres exposées explorent les équilibres délicats et complexes déclenchés par des actions apparemment simples. Limite, hasard, dévouement, éphémère, obsession, ne sont que quelques-uns des nombreux ingrédients de l’activité ludique qui trouvent un fort parallèle dans les processus créatifs de la production artistique. Conformément au projet Public&Confidential, Iacurci se concentre sur la dimension intemporelle du terrain de jeu: un lieu symbolique pour la découverte du jeu en tant que pratique sociale et un espace public où se créent les premières rencontres et où les paramètres culturels prennent forme. De nouvelles œuvres de l’artiste ont été présentées dans l’exposition: des dessins, des peintures, des objets et des interventions dans l’espace public qui se conjuguent pour tracer le portrait d’une humanité «tendrement raidie» dans la redécouverte de l’incertitude.
En avant-première de l’exposition, l’artiste a réalisé l’œuvre publique «Zero Infinito» sur le mur de l’I.I.S.S. Di Vittorio-Lattanzio, dans via Aquilonia, près de la galerie.
L’artiste était présent au vernissage.
L’exposition Small wheel, big wheel faisait partie du projet Public&Confidential, qui impliquait cinq des artistes de rue les plus influents au niveau international. Après Dan Witz (New York) et Rero (Paris), c’est à Agostino Iacurci (Rome/Nuremberg), suivi d’Aakash Nihalani (New York) et de Jef Aérosol (Paris).