Aujourd’hui, nous voulons parler de la façon dont l’univers du street art a contribué aux luttes féministes, en accueillant nombreuses femmes. Souvent associé à un monde exclusivement masculin, peut-être en raison de son aspect illégal et risqué, mais aussi de son activité nocturne, généralement dans des lieux isolés, le street art voit au contraire de nombreuses femmes actives dans son domaine.
Tomaso Binga: œuvres e poétique
En commençant par le nom de Tomaso Binga, alter ego de Bianca Pucciarelli Menna (Salerne, 1931), on constate la volonté de provoquer en choisissant un pseudonyme masculin pour dénoncer les inégalités de genre. L’artiste a débuté à une époque où les femmes étaient fortement discriminées et où naissent les premiers mouvements féministes. À travers ses œuvres, Tomaso Binga crée un dialogue entre la poésie, la peinture, l’écriture, le dessin et les installations audio et vidéo, tout en utilisant son propre corps comme moyen d’expression alternatif. L’intérêt pour la langue découle de la nécessité de la refondre en tant que produit et outil de la société patriarcale, participant à la marginalisation des femmes. Par exemple, avec son œuvre Alfabetiere murale (1976), Binga transforme son corps en caractères alphabétiques, s’émancipant de la tyrannie du signe et se libérant de toute connotation sociale.
MP5: artiste aux côtés des femmes
En suivant la piste de l’activisme, nous arrivons à MP5. Artiste italienne luttant contre les stéréotypes binaires de genre. Outre sa grande capacité à interagir avec l’environnement urbain, en décorant des espaces de plus en plus grands, elle a créé l’affiche de l’événement contre la violence envers les femmes, Non Una di Meno, ainsi que des art-wall pour Gucci, dans lesquels elle a exploré le large spectre de la sexualité. MP5 diffuse des messages sociaux et politiques avec un style inimitable, dépeignant des mythes contemporains d’un trait fluide en noir et blanc. Issue du monde de la bande dessinée et de la scénographie, elle est fascinée par le dialogue entre l’architecture et le design et elle aime revisiter les lieux et en détourner le sens.
Orticanoodles et Sten Lex
Nous en venons maintenant aux Orticanoodles et Sten Lex. Saviez-vous que les deux collectifs ont des membres féminins? Alita dans le premier cas et Lex dans le second.
Sten et Lex, qui travaillent au pochoir depuis 2001, sont les pionniers de cette technique en Italie. Les œuvres d’art urbain du duo sont le résultat d’une recherche artistique commune, qui les a conduits à devenir des graveurs contemporains. Par amour pour ce que peut donner une œuvre d’art dans un contexte urbain, ils laissent sur les murs des villes des portraits de gens ordinaires, sur lesquels s’accrochent les fils de la matrice, créant ainsi des œuvres uniques et éphémères qui se consument naturellement avec le temps et les agents atmosphériques.
Orticanoodles est le résultat d’une rencontre entre Walter Contipelli (Wally) et Alessandra Montanari (Alita). À travers leur art, le groupe crée une imagerie pop caractéristique qui privilégie la représentation d’éléments naturels, de la figure humaine et du paysage urbain. En créant leurs peintures murales, ils entendent faire réfléchir tous ceux qui posent les yeux sur ces merveilles.
Les femmes artistes de rue dans le monde
En quittant l’Italie, nous pouvons voir encore plus combien de femmes expriment leurs talents créatifs sur les murs des villes. Les femmes artistes de rue ont décoré des villes du monde entier: comme Faith47, qui a fait voyager son art du Cap à travers le monde, décrivant la réalité sociale qu’elle rencontre chaque jour dans les rues de l’Afrique du Sud. De même, les compositions intrigantes de Monica Canilao partent d’Oakland, en Californie, et voyagent dans de nombreux pays différents. Nous pouvons également nous pencher sur la parodie du monde de Myriam Laplante. Canadienne née au Bangladesh, elle joue avec la science et l’art pour créer des images bizarres et fantastiques.
Qu’elles soient engagées politiquement, qu’elles laissent des messages d’inspiration ou qu’elles racontent simplement une histoire, les femmes de l’art de la rue influencent richement l’environnement urbain.